Antigone le sait : une rébellion serait catastrophique en la situation actuelle. Elle causerait une nouvelle fois beaucoup de pertes dans les rangs Macédoniens entièrement exsangues (par conséquents déjà plus vulnérables) et pourrait donner des espoirs à certains voisins de contenir cet adversaire en devenir. Beaucoup de dirigeants avant ou après Gonatas ont négligé cette partie de la création d’un empire multiculturel : pas lui.
Etablissement de la « pax hellenica » en Thrace
Il prend immédiatement des mesures drastiques : suppression des impôts locaux, ajout d’un dignitaire et utilisation des armées pour patrouiller la région pour contrer tout banditisme.
Cette dernière action est risquée, elle augmente le risque d’embuscade par une armée ennemie organisée. Mais quel ennemi ? Il est en déroute totale ! D’ailleurs la nouvelle est arrivée peu avant, un autre voisin Thracien lui a déclaré la guerre. C’est l’évènement clé qui va assurer le triomphe Macédonien.
Côté affaires internes, Antigone profite de la popularité nouvellement acquise (ainsi que des rares richesses obtenues à travers les pillages) pour assoir sa domination sur le sénat aux dépens des autres familles : après quelques pots de vin et coups bas, il obtient 14% du parlement en plus. Pour atteindre une part de 62% - ce chiffre va même monter jusqu’à 67% dans les années qui vont suivre.
Evidemment cela se fait aux dépens de la loyauté des autres partis, mais ils ferment les yeux pour le moment puisqu’ils vénèrent Antigone pour ses victoires récentes. Cette prise de contrôle permet indirectement d’assurer plus de stabilité dans les villes et c’est de cette manière que la révolte Bulgare est réellement évitée. Au prix de désertions dans les armées car il n’y a plus de nourriture dans la région complètement dévastée…
Cette consolidation dure des années, jusqu’en -273. Voyant cet état de fait, et le temps que la réputation traverse les frontières peut être, la plupart des voisins vont demander soudainement plein de pactes de non-agression. Les barbares écrasés vont même proposer la paix en donnant beaucoup d’or ! Mais Antigone va refuser, il compte bien les finir ! Et puis, seulement 6 mois de revenus ne lui paraît pas une somme si élevée, ne compensant pas les morts pour le pays.
A la fin de l’année -273, alors que les forces Macédoniennes sont entrain d’être reconstituées à Pella, et pendant que les Romains gagnent de grandes victoires navales contre Carthage dans l’Adriatique, la nouvelle tombe : la tribu ennemie vient d’être conquise par leur voisin qui avait profité des défaites pour rejoindre la mêlée. Les réactions à la nouvelle sont partagées dans la cour du Roi devant cet opportunisme : dans un discours théâtral, Antigone promet de conquérir les 2 cités lors de sa prochaine campagne !
De la même manière que précédemment, le Roi, bientôt renommé « le prudent » par ses adversaires à la cour, commence par se renseigner sur les forces en présences… Et il y a plus de 10.000 hommes ! Pas de quoi rendre le tout intéressant d’après lui… pour l’instant. Les pertes seraient trop élevées.
A la place il rompt le pacte de non-agression avec un voisin Illyrien qui possède du cuivre. Antigone est convaincu que la maîtrise de cette ressource permettra de gagner un bonus non négligeable lors des batailles futures. Une fois capturé, par un mouvement de pince il reviendra prendre les territoires barbares du Nord-Est !
Il demande à Leontius, chef de famille des nobles héllènes, de lever une nouvelle force armée pour appuyer l’invasion future, tout en protégeant les frontières de l’empire Macédonien en formation. Kosmas en profite lui aussi pour recruter quelques troupes et enfin pouvoir ravitailler son détachement tout court, qui continuait à garder la Thrace au péril de la vie de ses soldats (et de leurs estomacs).
Réflexions militaires
En parallèle de ces préparatifs, Antigone a eu le temps de se pencher sur l’étude de ses succès pour préparer les prochains. Il sait pertinemment que le partage de ce genre d’information va consolider la confiance qu’on lui attribue. Dans le même temps, il se garde bien de ne pas donner à une grande famille le contrôle du mix de régiments parfait, créant de facto une dépendance à son armée.
Ce qui a très bien marché, force est de le constater : placer les phalanges toutes côtes à côtes au centre pour fixer l’ennemi, les infanteries plus légères complétant ce dispositif - une armée entièrement constituée de phalanges, comme celle d’Alexandre, est hors de portée de la situation courante Macédonienne…
Et l’objectif est de déborder l’ennemi sur ses flancs grâce à la cavalerie et aux archers, ces derniers utilisés différemment qu’habituellement : l’ennemi a l’habitude de voir ces régiments vulnérables à l’arrière, ici il aura le choix entre pourchasser des unités facilement dispersables au contact (mais mobiles) sur ses flancs ou se frotter à la phalange, choix compliqué !...
L’autre avantage de placer les archers sur un flanc est de le « libérer », pour concentrer l’entièreté de la cavalerie sur l’autre, au contraire de la tactique classique de la séparer sur chaque flanc. Ainsi Antigone assure un surnombre de cavaliers du côté des infanteries légères pour être certain que ce flanc sera enfoncé. Pendant que la phalange tiendra sans problème, temporairement, les tentatives de débordement ou d’enfoncement sur l’autre flanc.
Donadas base toute sa stratégie sur le fait que ses infanteries légères tiendront leur sol le temps nécessaire pour lancer des charges dans le dos de l’infanterie adverse, après avoir dispersé la cavalerie ainsi que les unités à distance ennemies.
Enfin, en complément de ce dispositif tactique, au niveau plus stratégique, il compte beaucoup sur une seconde armée d’appui (une ou plus) : elle permet de se rassembler en cas de grosses batailles - sans compter l’effet de surprise, et de transférer les blessés en territoire ami pour qu’ils soient de nouveau opérationnels plus vite.
Reste à déterminer quoi faire en cas d’assaut compliqué d’une place forte. Ce serait peut-être la faiblesse principale de cette force qui autrement excelle en terrain ouvert. En se basant sur la première bataille contre les Tolistobogiens, l’attaque sur plusieurs endroits définis par quelques unités paraît plus efficace qu’un assaut frontal de toute l’armée, mais le tout est compliqué à mettre en place et dépend d’erreurs ennemies...
C’est en -271 que tous ces préparatifs sont terminés. Antigone est totalement confiant dans l’avenir. La campagne qui vient va assurer la frontière Nord du futur empire, et c’est lors de la suivante que la Grèce sera unifiée, pour enfin pouvoir partir à l’Est !
Situation économique et interne en -271
Avant de démarrer la campagne militaire, un petit état des lieux est réalisé pour confirmer ou non la bonne stabilité économique de la Macédoine. Un important port commercial est en cours de finalisation à Pella, les travaux auront duré plus de 2 ans ! Antigone compte beaucoup dessus pour développer en force le commerce Macédonien, et ainsi indirectement les finances. Un temple dédié à Hermès a été créé en Epire pour supporter cet état de fait. Par ailleurs la population est en croissance, un autre facteur positif économique (et pour l’armée), car le bonheur y est au maximum.
En Thrace beaucoup de progrès ont été faits : le mécontentement est en train de tomber en parallèle des succès de l’hellénisation, bientôt la culture dominante devrait être Grecque, d’ici 1 an ou 2, et ce malgré le fait qu’il y ait 3 autres villes Thraciennes dans la province.
Côté militaire, Kosmas dispose de 11 régiments, Leontius 13 et Antigone évidemment 20. Enfin, la Macédoine ne possède pas de flotte pour l’instant car son utilité n’est pas évidente pour la situation courante.
En avant !
Au printemps -271 les armées sont fin prêtes, Kosmas est en charge de la défense des frontières en Thrace pendant qu’Antigone avance avec Leontius. Ils se déplacent à la frontière depuis l’Epire : il n’y a personne en défense, de quoi assurer une campagne rapide ! C’est ce que cherche Antigone avant tout.
Après quelques recherches de plus sur les semaines qui suivent, la surprise est de taille : ce que les Macédoniens prenaient pour une tribu isolée possède en réalité au moins deux villes fortifiées un peu plus loin ! Notamment au Banat, c’est là où se situe probablement leurs armées. Antigone fonce à l’attaque, confiant que les batailles auront lieu en territoire ennemi.