C’est au printemps -242 que les armées et flottes Macédoniennes sont toutes correctement positionnées : Demetrius qui dispose de plus en plus de responsabilités, déclare la guerre à Sparte. L’Egypte suit leurs alliés dans cette attaque qu’ils qualifient de traîtrise… Puis sont évidemment culbutés lors des premiers combats par les armées Macédoniennes qui étaient totalement préparées, ce qui s’avère être une surprise totale pour eux !
Les premières avancées de l’année -242
La coordination voulue par le Roi est parfaite : deux premières villes de l’Egypte à la frontière Syrienne tombent sans trop de résistance étant donné qu’il y a seulement des garnisons, mal préparées qui plus est. Dont la fameuse Tyr, depuis qu’Alexandre l’a reliée à la terre la cité n’est plus que l’ombre d’elle-même !
La première réelle bataille a lieu autour de Sparte, 6.800 hommes contre les 3.800 commandés par l’héritier de l’empire. L’armée ennemie est professionnelle et de qualité : ils ne s’enfuiront probablement pas facilement. Mais Demetrius a passé le temps requis pour rassembler les meilleures troupes Macédoniennes à disposition en face…
A l’automne -242, alors que Sinode en Anatolie est prise (la deuxième ville Egyptienne sur les trois de la province), des voix s’élèvent au parlement. Malgré les récentes avancées, certains généraux et les nobles Thessaloniens notamment, font part de leur mécontentement d’attaquer encore des Grecs, cette fois les plus puissants du monde connu.
Les dissensions internes quant aux campagnes en cours
Parmis eux deux fameux généraux se font remarquer : Choerilos, qui vient de terminer son deuil de son grand père Aschines, et Phormio. C’est ce dernier qui est le plus véhément, il se trouve être l’héritier de la famille des Thessaloniens. Pour lui les succès courants ne sont dus qu’à l’effet de surprise et la furie Egyptienne, qui a dompté les Séleucides, ne va pas tarder à s’abattre.
Au lieu d’un enlisement dans une longue guerre comme ils le pressentent, la plupart des « frondeurs » sont convaincus qu’il fallait au contraire pousser à l’Est en Perse, sur le cœur des anciens territoires de l’empire. Les Séleucides ayant perdu le contrôle de ces régions, les grecs sur place sont en train d’être massacrés par les différentes rébellions Parthes, Bactrianes etc.
En effet le Royaume du Bosphore lui-même vient d’y perdre pied après avoir subi une lourde défaite non loin d’Ecbatane. Alors que focaliser toutes les forces vers le sud-ouest (Antigone ne souhaite déployer aucune armée ailleurs étant donné la réputation des Egyptiens) risque d’exposer le flanc droit de la Macédoine entière et provoquer la perte potentielle de la Mésopotamie…
Le Roi demande l’avis de son fils pour confirmer sa bonne impression de son successeur. Ils partagent plutôt un terrain d’entente : pour la famille Royale c’est précisément la nouvelle de la défaite du Bosphore, associé à une peur de l’ennemi, ou un manque de confiance dans la nouvelle armée Macédonienne… penchant peut-être même jusqu’à la traîtrise… qui ont provoqué ces réactions violentes.
Au contraire Antigone voit la nouvelle de la défaite du Bosphore positivement : leurs voisins sont bien occupés, et la potentielle puissance Grecque qui se dessinait dans la région semble perdre pied. A la place il n’y a que des barbares désorganisés et unis seulement pour repousser l’envahisseur. Le Roi choisit ainsi d’ignorer ces voix, et comme seule action, il ordonne à Phormio lui-même de lancer le siège de Jérusalem pour qu’il prenne confiance dans ses capacités, avec Bathayes en support, officieusement pour surveiller ses agissements.
Au même moment, le Roi arrive de nouveau face aux Arabes. Il lance l’attaque immédiatement, en légère infériorité numérique. Il ne souhaite pas perdre de temps à mener un coûteux siège et comme à son habitude il prévoit déjà la suite : depuis cette position il peut attaquer la côte de la mer Rouge Egyptienne, envahissant le territoire de l’Egypte à l’arrière de la Judée, où le renseignement Macédonien a justement repéré au moins deux armées en défense.
Il se doute que cette opération, coïncidant avec son style basé sur la vitesse et la surprise de l’ennemi, aura le mérite de permettre la prise de contrôle rapide de ces régions, et ainsi faire taire les voix dissidentes qui sont sûrement simplement issues de peurs temporaires. En effet, une fois la mer rouge prise le territoire cœur de l’ennemi sera à portée.
Le fait que le père de Phormio gère l’une des rares flottes Macédoniennes doit y être pour beaucoup aussi : l’Egypte Ptolémaïque est connue pour disposer de flottes professionnelles très importantes, rivalisant avec les Carthaginois (avant que ces derniers ne se frottent aux Romains…) ! L’empire en a la connaissance d’au moins deux déjà : une qui vient d’arriver vers Chypre et une autre à Alexandrie.
La tragédie en Arabie…
La bataille se déroule classiquement. Très vite il ne fait aucun doute pour le Roi qu’elle va être remportée sans problème, les troupes de l’ennemi démontrant une fois de plus leur amateurisme face aux Macédoniens. Pour accélérer le résultat, Antigone mène de nombreuses charges sur les infanteries ennemies.
Et alors que les dernières forces commencent à s’enfuir par panique, un soldat ennemi jette sa lourde lance au hasard (pour qu’elle ne l’empêche pas de fuir), cette dernière touche le Roi de plein fouet ! Il s’écrase lourdement au sol et est piétiné par les hommes autant que les chevaux dans la confusion. Son corps sans vie prendra même plusieurs minutes à être retrouvé par ses fidèles compagnons…
La nouvelle de la mort de celui qui n’a pas été loin d’égaler Alexandre se répand comme une traînée de poudre et a d’énormes impacts sur la plupart du monde Antique. En même temps, l’homme est parti seul avec moins de 4.000 hommes originellement, et a conquis un territoire très diversifié, rempli de royaumes guerriers, allant des abords de l’Italie jusqu’au fond de la Mésopotamie…
Pour commencer, la ville locale est entièrement rasée sous l’émotion des soldats royaux, la population entièrement massacrée. Par la suite, les Romains et les Egyptiens sont les premiers à réagir. Les lagides insultent la Macédoine et indiquent une probable liaison à ce qu’on appelle de nos jours le « karma ». Et que ce n’est que le début de la fin pour ce nouvel empire qui ne durera pas.
Les Romains sont heureusement plus cordiaux et souhaitent à Demetrius bien du courage pour la suite. Ce dernier se doute qu’en coulisses ils doivent se féliciter de la nouvelle, il paraît évident qu’ils voient la Macédoine de la même manière que les Hellènes voient les Romains : une menace.
Beaucoup vont probablement douter que Demetrius soit à la hauteur de son père. Justement, beaucoup de pactes de non-agression sont annulés par des nations plus ou moins mineures (notamment le Royaume du Bosphore) et la tribu Arabe « Saba » va déclarer la guerre à la saison suivante. Ils imaginent probablement pouvoir reprendre le territoire perdu aux Séleucides... Et pousser en Mésopotamie non défendue ?
Demetrius récupère donc le trône, âgé de 40 ans déjà. La succession n’est pas contestée en interne, étant donné qu’il n’a qu’un seul frère qui vient seulement de commencer à faire ses preuves. Demetrius est déjà connu et sa réputation n’est pas à faire. Evidemment il n’a pas les grandes victoires de son père au compteur, et il devra faire ses preuves pour sa qualité de stratégiste au-delà d’une seule campagne et en tant que leader tout court.
L’impact est cependant élevé sur la famille de Phormio : puisque ces derniers remettaient déjà en cause l’évolution récente des opérations, ils en profitent immédiatement pour contacter le nouveau Roi, lui demandant urgemment de changer les actions en cours.
Mais même si Demetrius voulait les écouter il ne le pourrait pas : la récente insulte de la mémoire de son père est intolérable, et l’ensemble des autres familles au parlement fait pression pour augmenter la violence des attaques en Judée. La décision de Demetrius est évidente : il ordonne à Phormio de continuer l’attaque de Jérusalem et de lancer l’assaut au plus vite.
Ce dernier refuse et fait sécession avec Lykos ! Ils déclarent la Dalmatie, leur domaine, comme une nation indépendante et prennent les armes contre la Macédoine même. Il est fort probable qu’ils n’ont pas eu vent de l’armée de Philippe V en cours de recrutement dans les environs de Pella, autrement ils auraient réfléchi à deux fois avant de le faire. Cela démontre une nouvelle fois le génie d’Antigone qui a tout prévu à l’avance…
Une sécession !
La sécession est un second choc, peut-être plus violent encore que la mort d’Antigone. Phormio était après tout l’un des meilleurs généraux de l’empire, totalisant 17 victoires, un tout petit peu moins que ses années de service. Mobilisé à l’origine pour défendre Athènes de l’attaque de Knossos, il aura participé aux campagnes Anatoliennes aux côtés de Demetrius… Et il est à la tête d’une armée composée de plusieurs régiments d’élite, approchant la qualité de celle du nouveau Roi.
Ainsi ce dernier part immédiatement de Sparte et, avec son fils (Philippe V), ils se mettent en marche vers la Dalmatie. En parallèle Bathayes se replie de Jérusalem et de l’armée de Phormio pour défendre Tyr, d’une potentielle incursion maritime Egyptienne entre autres, puisque la perte de la flotte de Lykos change durablement le rapport de force en Méditerranée alors même qu’une flotte ennemie vient d’arriver au large de Chypre.
Nikomedos, ayant récupéré le commandement de l’ancienne armée Royale, retourne vers l’est en direction de Charax pour empêcher une possible invasion de la tribu Arabe. Il est de la même famille que Peucestas. D’ailleurs ce dernier capture ce qu’il reste de la Syrie au même moment.
Juste après, les Romains déclarent la guerre à l’Egypte. Est-ce en soutient à la Macédoine qui va soudainement avoir des difficultés sur ce théâtre (avec notamment la perte d’1/3 du total de la flotte... c’est ce qui dérange le plus Demetrius) ou au contraire pour profiter de l’arrêt probable de l’avancée de ces derniers pour récupérer la riche province du cœur de l’Egypte sous leur nez ?
Les premiers réels affrontements contre l’Egypte
Pendant que Bathayes attend Isokrates et Peucestas afin de pouvoir reprendre l’attaque sur la Judée (Chryses est envoyé par ce dernier vers la Mésopotamie en support de la guerre contre la tribu Arabe), il fait un constat : les flottes Macédoniennes sont très occupées face au surnombre ennemi et le contrôle maritime ne peut être acquis à court terme.
Or il a un problème : la position Chypriote de l’Egypte offre une base qui permet de menacer Tyr, Antioche, Rhodes et les villes récemment capturées en Anatolie. Bathayes sait qu’il ne pourra pas avancer sur Jérusalem avec cette menace dans son dos.
Ainsi, à la manière de son défunt père il tente une habile manœuvre : il commande aux Tyriens la construction d’une petite flotte de support et de ravitaillement. Et il commence à traverser en direction de Chypre avec Choerilos avant même que cette flotte soit opérationnelle, laissant Isokrates sur place en cas d’offensive Egyptienne surprise par la terre.
La réponse de l’ennemi ne se fait pas attendre : ils attaquent immédiatement cette nouvelle flotte, pourtant mouillée près du port de Tyr, permettant à la garnison de la ville de participer à la bataille.
Athenodorus va ensuite pourchasser l’amiral, qui a essayé de s’enfuir par la mer, et le détruire au large de Tyr, mais au prix de 100 nouvelles pertes (presque la moitié de sa flotte au total !).
Malgré cette défaite Bathayes peut traverser sans être inquiété et prend Chypre lors de la saison suivante, l’été -241. L’embryon de flotte (maintenant détruit) a permis d’attirer l’attention de l’ennemi dessus et de pouvoir ainsi traverser sans avoir le contrôle maritime. Demetrius Kalos, qui a aidé à la prise de Chypre, s’élance vers la direction de la flotte ennemie pour profiter de sa faiblesse momentanée, tandis qu’Epaenetus (à la commande de la seconde) actuellement à Rhodes, se met en direction de la Crête pour empêcher toute attaque des rebelles et des Egyptiens dans la zone.
Lors du même été Philippe, aidé du Roi, commence la reconquête de la Dalmatie par la prise de la Dioclée. L’ennemi n’offre pas de réelle résistance : Phormio est toujours présumé en Judée, il n’a pas essayé de traverser étant donné la présence Macédonienne forte dans les alentours de Rhodes et de la Crête.
Lykos s’était mis en direction de la Dalmatie lui, mais il avait beaucoup de distance à parcourir et c’est donc un échec car il se trouve seulement au large du Péloponnèse. Ainsi une course contre la montre s’engage à qui arrivera au bout de la Dalmatie le premier.